L’armée birmane s’est livrée ce samedi 27 mars à une démonstration de force à l’occasion de la « journée des forces armées », faisant défiler un impressionnant arsenal dans la capitale Naypyidaw. Dans le même temps, plusieurs villes du pays étaient le théâtre de nouvelles manifestations pro-démocratie durement réprimées.
Aux premières heures du jour, des milliers de soldats, des chars, des missiles et des hélicoptères. Sur une immense esplanade de la capitale birmane étaient réunis un parterre de généraux et leurs invités, parmi lesquels des délégations russe et chinoise.
Chaque année à cette date, la Tatmadaw, le nom de l’armée birmane, organise pour la « journée des forces armées » un gigantesque défilé militaire à Naypyidaw, devant son plus haut gradé, désormais chef de la junte au pouvoir : le général Min Aung Hlaing. Mais cette fois, la Birmanie est traversée par une grave crise depuis le coup d’État militaire du 1er février. Ce samedi encore, plusieurs manifestations ont été sévèrement réprimées et plus d’une dizaine de manifestants sont morts.
L’armée veut faire (de cette journée) une parade de force mais à cette parade va s’opposer la détermination pacifique du mouvement de désobéissance civile.
Au moins 14 manifestants tués
Avant l’aube, les forces de sécurité avaient déjà réprimé les manifestants à Rangoun, la capitale économique du pays. Jusqu’à minuit, on a pu entendre des coups de feu dans plusieurs quartiers de la ville, rapporte notre correspondante à Rangoun, Juliette Verlin.
Au moins 14 personnes ont été tuées samedi. Le bilan le plus lourd est à déplorer à Rangoun, la capitale économique du pays, où au moins cinq manifestants sont morts dans des affrontements nocturnes violents avec les forces de l’ordre. Ce samedi matin, la situation est plus calme dans certains quartiers où des petits cortèges tournent dans quelques rues en évitant les grands axes. Mais dans d’autres quartiers, c’est plus violent.
À Insein, au nord de la ville, des manifestants sont sortis dès 2h30 du matin, et la police a commencé à tirer au lever du soleil. Plusieurs quartiers rapportent ainsi des coups de feu et des arrestations, comme près de la pagode Sule dans le centre-ville historique, où un conducteur s’est fait arrêter après avoir fait le salut à trois doigts de la rébellion devant des militaires.
Dans le reste du pays, le décompte de manifestants tués ou arrêtés n’arrête pas de grimper. Les Birmans avaient peur d’une répression comme celle qui est en train de se passer ce samedi, mais ils ont quand même appelé à sortir dans les rues pour montrer que même deux mois après le coup d’État, l’armée est encore loin de contrôler le pays.
Le tweet d’un activiste résume bien la situation : « Pendant que l’armée parade et montre ses nouveaux jouets, écrit-il, rappelons-nous des milliers de membres des minorités ethniques qu’elle a tués ces dernières années, et des plus de 300 manifestants et simples passant assassinés depuis le coup d’État du 1er février. »
Selon un groupe de défense de prisonniers politiques, 320 personnes ont trouvé la mort dans les troubles depuis le putsch, et plus de 3 000 ont été arrêtées.