Le ministre de la Santé Olivier Véran a donné le feu vert, ce vendredi, à l’expérimentation relative au cannabis médical avec l’inclusion du premier patient au CHU de Clermont-Ferrand.
L’expérimentation du cannabis thérapeutique e enfin démarré en France avec l’inclusion d’un premier patient au CHU de Clermont-Ferrand. “C’est le rôle de la médecine que de combattre les maladies et de soulager les douleurs. En tant que médecin, en tant que ministre, je suis fier que la France puisse expérimenter l’usage du cannabis à des fins médicales, et d’ainsi mieux accompagner des milliers de patients qui affrontent des pathologies lourdes” a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran, venu deonner le feu vert à cette expérimentation.
3000 patients seront ainsi suivis dans 215 structures volontaires sélectionnées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)
UN DÉCRET QUI A TARDÉ À VENIR
“L’objectif principal de cette expérimentation sera d’évaluer, en situation réelle, le circuit de prescription et délivrance du cannabis ainsi que l’adhésion des professionnels de santé et des patients. Son objectif secondaire sera de recueillir des premières données françaises d’efficacité et de sécurité” soulignait l’ANSM en 2019. Mais le décret autorisant cette expérimentation se faisait attendre et en septembre 2020, des professionnels de santé en colère interpellaient les pouvoirs publics sur leur réelle volonté de la mener à bien.
Finalement, le Décret tant attendu autorisant 3000 patients à tester pendant 24 mois les effets du cannabis à visée thérapeutique sur les douleurs neuropathiques, les effets secondaires des chimiothérapies ou sur certaines maladies invalidantes avait été publié au Journal Officiel le 18 octobre 2020.
QUELLES SONT LES MALADIES CHOISIES POUR L’EXPÉRIMENTATION ?
Les patients choisis pour participer à cette expérimentation sont tous atteints de :
- douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles (médicamenteuses ou non) ;
- certaines formes d’épilepsie sévères et pharmaco-résistantes ;
- certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements ;
- situations palliatives ;
- spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou des autres pathologies du système nerveux central.
La liste de ces 200 structures de référence sélectionnées par l’ANSM pour accueillir les patients et prenant en charge au moins l’une des cinq indications thérapeutiques retenues sera mise en ligne prochainement, a annoncé l’ANSM. Progressivement, 4500 patients devraient être inclus dans cette expérimentation.
QUEL PARCOURS VONT SUIVRE LES PATIENTS ?
Une fois inclus, les patients seront suivis tout au long de l’expérimentation par des professionnels de santé, médecins prescripteurs et pharmaciens dispensant les médicaments à base de cannabis médical, préalablement formés.
Les consultations longues, dites “complexes”, au cours des 1er, 3e, 6e, 12e et 18e mois de l’expérimentation seront effectuées au sein des structures de référence.
Les consultations classiques, dites “simples”, de suivi, notamment pour la prescription des médicaments tous les 28 jours par ordonnance sécurisée, pourront être assurées par les médecins de ville des patients.
QUELS SERONT LES PRODUITS UTILISÉS ?
Considérant les risques pour la santé, l’ANSM a exclu formellement la voie d’administration fumée pour le cannabis médical. Les formes de médicaments mises à disposition dans le cadre de l’expérimentation sont :
- Les sommités fleuries de cannabis à vaporiser pour inhalation (à l’aide d’un dispositif de vaporisation dédié) ;
- Les huiles administrées par voie orale.
QUI POURRA PRESCRIRE LES PRODUITS ?
La prescription initiale sera réservée à des spécialistes (neurologues, cancérologues…), à l’hôpital. Le renouvellement pourra être fait par le médecin traitant.
Les chercheurs devraient se fournir dans un premier temps à l’étranger car la législation française interdit actuellement la culture des plants de cannabis contenant des taux supérieurs à 0,2% de THC (la substance active de la plante).
L’expérimentation sera menée dans 200 centres hospitaliers en France et les centres de référence pour les pathologies concernées. Un rapport au Parlement sera remis 6 mois avant la fin de l’expérimentation afin de déterminer si une généralisation de l’utilisation du cannabis médical est possible et dans l’affirmative, dans quelles conditions.
Le cannabis à usage médical est déjà autorisé dans une trentaine de pays dans le monde et dans 21 autres pays européens (sur 27).