Le Président de la République a reconnu que les semaines qui viennent seront «difficiles», mais il assume sa stratégie et a redit compter sur la vaccination pour sortir de la crise.
Prépare-t-il ce qui va, ce qui peut se passer, dans les jours qui viennent dans notre pays? Emmanuel Macron s’est exprimé jeudi soir, peu après 22 heures, à l’issue d’une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Européenne (UE). « Nous n’avons aucun tabou » a-t-il assuré. Face à la flambée épidémique que connaît le pays, il l’a assuré : « Nous prendrons toutes les mesures utiles en temps et en heure ».
Sous entendu : il est possible que face à l’explosion des contaminations et de la hausse des hospitalisations, il faille aller plus loin que ce qui a été décidé jusqu’à présent. 19 départements sont aujourd’hui confinés, et 24 sont désormais sous « surveillance renforcée ».
« Je n’ai aucun remords »
Le président de la République a expliqué aussi son choix de ne pas enfermer le pays ces dernières semaines. « Nous avons eu raison de ne pas confiner la France en février, je n’ai aucun remords, aucun constat d’échec », a-t-il estimé. Pas de mea culpa donc. « Il y a eu une accélération, entre le 8 et le 10 mars, ceci correspond au variant britannique qui est devenu majoritaire. Le gouvernement a pris des mesures de freinage supplémentaires dans 16 départements et 3 ce soir. C’est du pragmatisme. En fonction de l’évolution de l’épidémie nous adaptons notre réponse. »
Emmanuel Macron a réaffirmé la possibilité d’offrir « à tous les Français et les Françaises adultes qui le souhaitent la possibilité d’être vaccinés d’ici la fin de l’été ». Il a reconnu que les semaines qui viennent seront « difficiles », mais le locataire de l’Elysée assume sa stratégie et le calendrier reste le même.
Critiquée pour sa gestion de la campagne vaccinale, l’UE a décidé de montrer les muscles, notamment face au Royaume-Uni, qui a gardé les vaccins produits sur son sol tout en recevant des livraisons depuis le continent. « Nous nous sommes mis en capacité de produire pour les vaccins de 2e génération à l’automne, quand nous aurons sans doute à nouveau à faire à des variants de ce virus », a poursuivi le locataire de l’Elysée.
Les exportations des vaccins mieux contrôlées
Pour améliorer l’accès aux précieux flacons, l’UE a décidé de renforcer un mécanisme inauguré en janvier pour en contrôler les exportations. La démarche a déclenché les foudres du Royaume-Uni, premier destinataire des doses exportées par le continent. Mais les deux parties ont affiché mercredi soir leur volonté de trouver une solution. Ce mécanisme vise en particulier AstraZeneca, dont les livraisons à l’UE sont très insuffisantes.
Il permet d’empêcher des exportations à destination de pays eux-mêmes producteurs de vaccins, composants ou équipements, et qui ne livrent pas l’Union européenne. L’UE peut en tout cas se targuer d’avoir beaucoup exporté de vaccins : depuis début décembre, 21 millions de doses produites sur son sol sont allées au Royaume-Uni, soit les deux tiers de celles qui ont été administrées aux Britanniques, selon des chiffres de la Commission. Au total 77 millions de doses ont été expédiées vers 33 pays, sans compter les contributions à l’initiative internationale Covax en faveur des pays défavorisés. Et 88 millions de doses sont restées dans l’UE, réparties entre les Vingt-Sept.
Le rythme de la vaccination sur le continent demeure à la traîne par rapport au Royaume-Uni, mais aussi des Etats-Unis. « Les Américains ont eu un mérite dès l’été 2020, ils ont dit : On met le paquet et on y va. Et donc ils ont plus (de vaccins). Ils ont eu plus d’ambition que nous », a souligné Emmanuel Macron.
Des « certificats européens » pour circuler ?
Grâce aux efforts de production envisagée, a dit le Président français, « nous pourrons permettre à une grande partie des Européens d’obtenir d’ici les prochains jours et semaines les doses promises », a-t-il déclaré.
A l’occasion de cette réunion au sommet, les chefs de l’Etat ont aussi abordé la question de la sortie de cette crise sanitaire. Dès que la pandémie aura ralenti, des « outils » vont être mis en place pour pouvoir circuler à nouveau dans les 27 pays, sans menacer de répandre le virus. Pour cela, Emmanuel Macron a évoqué des « certificats européens » qui vont pouvoir permettre de voyager si on est vacciné, testé négatif ou que l’on a eu le virus et donc les anticorps nécessaires.
« Ce n’est qu’une preuve médicale et elle ne détermine en rien les droits de chacun qui relèveront de décisions nationales », a-t-il tenu à préciser. Concernant la situation actuelle, le président l’a qualifié de « course de vitesse » entre la troisième vague, qu’affrontent la France et la campagne d’injections. « Cette bataille pour les vaccins est celle que nous devons gagner ».