Un nuage rouge a envahi le ciel islandais dans la nuit de vendredi à samedi 20 mars après une éruption volcanique survenue à Geldingadalur.
événement ne s’était pas produit depuis le XIIIe siècle. Après plus de trois semaines d’intense activité sismique et une alerte éruption, un flot de lave a jailli dans la soirée du vendredi 19 mars d’une fissure d’environ 500 mètres de long dans le sol à Geldingadalur, près du mont Fagradalsfjall, illuminant la nuit d’un nuage rouge. Samedi, l’éruption se poursuivait à une quarantaine de kilomètres de la capitale islandaise, Reykjavik, sans autre conséquence immédiate que de dessiner de jolies coulées de magma rouge incandescent.
De nouvelles images prises de jour samedi matin depuis un hélicoptère des garde-côtes montraient des coulées de lave et des fumerolles de gaz bleu sur le site de l’éruption, dans une petite vallée de la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de Reykjavik et à la pointe sud-ouest de l’Islande. Cependant, l’éruption est cantonnée à un petit espace d’à peine un kilomètre carré et le flux de lave a diminué, selon les vulcanologues.
Pas de dégâts attendus
« L’éruption est petite et l’activité a légèrement diminué depuis vendredi soir. Elle est limitée à une petite zone dans la vallée et il est peu probable que les coulées de lave causent des dommages », selon le dernier point de l’Institut météorologique islandais samedi à la mi-journée. « Cela devrait rester dans cette petite vallée et s’épaissir plutôt que de s’étendre sur une plus grande surface », a expliqué Björn Oddsson, un géophysicien de la protection civile, à la télévision nationale RUV. Entre deux averses, de la vapeur d’eau était visible de loin du site, dont l’accès a été bloqué hors équipes scientifiques, a constaté un correspondant de l’Agence France-Presse sur place samedi matin.
Le système volcanique de Krysuvik, qui n’a pas de cratère principal, est situé au sud du mont Fagradalsfjall. Le site de l’éruption, non loin du célèbre site thermal du Blue Lagoon, se situe à environ 5 kilomètres à l’intérieur des terres. L’aéroport international de Keflavik et le petit port de pêche de Grindavik ne se trouvent qu’à quelques kilomètres, mais la zone est inhabitée et l’éruption ne devrait pas présenter de danger, ont réaffirmé les autorités samedi. Le trafic aéroportuaire peut aussi se poursuivre.
Une des inconnues concerne désormais la durée de l’épisode et s’il ouvre une nouvelle longue période d’activité dans le secteur. Le système volcanique de Krysuvik était resté inactif pendant 900 ans, selon l’institut météorologique, tandis que la dernière éruption dans la péninsule de Reykjanes dans son ensemble remontait, elle, à près de 800 ans. Ce dernier épisode s’était espacé de façon intermittente sur une durée de 30 ans autour des années 1210 à 1240.
Une région sous surveillance depuis plusieurs semaines
Après des signes de réveil depuis un an, la région faisait l’objet d’une surveillance accrue depuis plusieurs semaines après qu’un séisme de magnitude 5,7 a été enregistré le 24 février près du mont Keilir, à la périphérie de Reykjavik. Ce tremblement de terre a depuis été suivi d’un nombre inhabituel de secousses plus petites – plus de 50 000, le nombre le plus élevé depuis le début des enregistrements numériques en 1991. Du magma avait été détecté à près d’un kilomètre sous la surface, suggérant qu’une éruption était proche.
Située sur la dorsale médio-Atlantique où s’écartent les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine, l’Islande est la plus vaste et la plus active région volcanique d’Europe, avec 32 volcans ou systèmes volcaniques considérés comme actifs. Le pays compte une éruption en moyenne tous les cinq ans, la dernière ayant eu lieu entre août 2014 et février 2015 dans une zone inhabitée du centre du pays, dans le système volcanique de Bardarbunga.
La plus célèbre éruption de l’ère moderne est celle de l’Eyjafjallajökull en 2010, dans le sud de l’île. Son immense panache de fumée avait entraîné la plus grande perturbation aérienne en temps de paix, paralysant le ciel européen pendant près d’un mois. Un scénario exclu cette fois-ci avec cette petite éruption de lave dite « effusive », à la différence des éruptions explosives qui crachent des nuages de cendre haut dans le ciel.