La santé de l’opposant russe Alexeï Navalny a été au programme, lundi, d’une réunion des ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, consacrée plus largement aux rapports avec la Russie.
Les tensions entre la Russie et l’Europe montent d’un cran alors que les troupes russes sont de plus en plus nombreuses à la frontière ukrainienne et que l’état de santé de l’opposant Alexeï Navalny s’aggrave de jour en jour. « Les relations avec la Russie ne s’améliorent pas. Au contraire, la tension s’accroît dans différents domaines », a déploré le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, au début d’une réunion informelle avec les ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, lundi 19 avril.
La visioconférence a commencé par une discussion sur les expulsions de diplomates survenues entre Prague et Moscou. La décision de la République tchèque d’expulser dix-huit diplomates russes, accusés d’espionnage, est une « provocation », a estimé, lundi, le Kremlin. « Nous ne sommes catégoriquement pas d’accord avec de telles conclusions », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, qualifiant la mesure d’« acte inamical ».
La « situation s’aggrave » pour Alexeï Navalny
Les ministres européens sont ensuite revenus sur l’état de santé « très inquiétant » d’Alexeï Navalny et ont jugé les autorités russes « responsables » de la situation. L’opposant de 44 ans, qui a cessé de s’alimenter il y a trois semaines, a été transféré dans une unité carcérale hospitalière située dans la même région que le camp où il est emprisonné depuis le début de mars. M. Navalny doit avoir un « accès immédiat » à des médecins en lesquels « il a confiance », a exhorté M. Borrell.
Les Européens temporisent
Autre sujet important abordé par les représentants des Vingt-Sept au cours de cette réunion : l’Ukraine et la situation « très dangereuse » provoquée par le déploiement de troupes russes à ses frontières − « le plus massif jamais enregistré », a fait valoir M. Borrell, parlant de quelque 150 000 militaires. « C’est préoccupant. On n’est pas à l’abri d’un incident. (…) Ce renforcement militaire doit cesser et nous demandons à la Russie [de favoriser] la désescalade », a-t-il insisté.
Lundi, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a informé ses homologues des derniers développements sur le terrain. Il a annoncé sur son compte Twitter avoir proposé « un plan étape par étape sur la manière de décourager Moscou de poursuivre l’escalade ». « L’élément-clé est la préparation d’une nouvelle série de sanctions sectorielles. Les sanctions individuelles ne sont plus suffisantes », a-t-il déclaré.Les Européens ont décidé de temporiser. « On ne s’achemine pas pour le moment vers de nouvelles sanctions. Ce n’est pas encore ce qui se dessine », lui a répondu M. Borrell. « Nous avons félicité l’Ukraine pour ses réactions mesurées et nous avons soutenu la souveraineté et l’intégrité de son territoire. L’UE ne reconnaîtra pas l’annexion de la Crimée » par la Russie en 2014, a-t-il conclu.
Peu après la fin de la visioconférence, Kiev a annoncé l’expulsion d’un conseiller de l’ambassade de Russie, déclaré persona non grata, en réponse à celle d’un consul ukrainien de Russie. « Il a soixante-douze heures pour quitter le territoire [ukrainien] », a détaillé le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Oleg Nikolenko.
L’Ukraine craint que le Kremlin ne cherche un prétexte pour l’attaquer. Le président Volodymyr Zelensky a demandé à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et à l’UE d’accélérer le processus d’adhésion de son pays pour envoyer au Kremlin « un vrai signal », mais cela lui a été refusé.