Berlin a, pour la première fois, reconnu, vendredi 28 mai, avoir commis un « génocide » en Namibie contre les populations Herero et Nama pendant l’ère coloniale entre 1884 et 1915. L’Allemagne se démarque des autres anciens pays colonisateurs, réticents à reconnaître leurs fautes, et parfois leurs crimes. Cette annonce est le fruit de longues négociations entre les deux États.
Il aura fallu plus de cinq ans de longues et laborieuses négociations avant d’arriver à un accord. « Nous qualifierons maintenant officiellement ces événements pour ce qu’ils sont : un génocide », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas.
L’Allemagne, puissance coloniale à partir de 1884, a réprimé violemment au début du XXᵉ siècle des révoltes des tribus Herero et Nama, utilisant des méthodes génocidaires avec massacres de masse et camps de concentration. Des dizaines de milliers de personnes en furent les victimes.
Un programme de 1,1 milliard d’euros pour soutenir le développement
« Nous allons demander pardon à la Namibie pour les atrocités commises. Cette responsabilité historique et morale va nous conduire à demander pardon à la Namibie et aux descendants des victimes », a précisé Heiko Maas. Le président Steinmeier pourrait le faire officiellement devant le Parlement namibien.
La reconnaissance par l’Allemagne du génocide ne conduit pas à des dédommagements et n’ouvre pas la voie à des indemnisations. Mais 1,1 milliard d’euros seront versés sur 30 ans pour soutenir des projets d’infrastructures au profit des populations Herero et Nama. L’accord doit encore être ratifié par les parlements des deux pays, ce qui doit avoir lieu au Bundestag avant les élections de septembre. « Les minorités Hereros et Namas joueront un rôle central dans la gestion de cette aide. La reconnaissance de notre culpabilité et notre demande de pardon constituent un travail de mémoire important pour, ensemble façonner l’avenir », conclut le ministre allemand des Affaires étrangères.