6500 personnes ont célébré le carnaval ce dimanche, souvent sans masque ni respect de la distanciation. Les autorités locales ont dit leur colère devant un comportement jugé “irresponsable”.
Au moment de dévoiler jeudi le nouveau dispositif établi pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, Jean Castex et Olivier Véran ont souligné que la faveur accordée aux activités extérieures ne signifiait pas qu’on pouvait se mêler “à un barbecue“, mais ils n’ont rien dit des carnavals rassemblant 6500 personnes. Message superflu, plus d’un an après l’arrivée de la pandémie dans l’Hexagone?
Ce sont bien 6500 personnes, toutefois, qui ont fêté le carnaval de la Plaine ce dimanche à Marseille – qui ne se situe pas dans l’un des 16 départements reconfinés. Les organisateurs de ce rendez-vous célébrant l’arrivée du printemps semblent pourtant avoir eu conscience que pareil rassemblement n’était pas de saison: ils n’ont pas cherché à demander l’autorisation de la manifestation – qu’ils ont cependant annoncée cinq jours à l’avance – en préfecture.
La préfète Frédérique Camilleri n’avait d’ailleurs pas décoléré dimanche soir quand La Provence lui a demandé son sentiment: “Je regrette que les efforts de tous puissent être ruinés en quelques heures par quelques milliers de personnes qui s’affranchissent des règles délibérément et le revendiquent en plus”.
Sept interpellations
Elle a fait le point sur les moyens mis en place par ses services:
“Nous avions mis un dispositif policier autour de la manifestation qui visait à verbaliser ceux qui arrivaient sans masque. Quand les conditions de sécurité ont été réunies et alors que des dégradations étaient commises notamment sur un manège pour enfants, j’ai pris la décision de faire intervenir les forces de l’ordre pour mettre fin à ce carnaval et disperser les personnes, ce qui a été fait à 18h.”
Pointant la “responsabilité individuelle”, la haute fonctionnaire a également abordé le bilan policier et les perspectives judiciaires de cette journée. “Il y a eu sept interpellations pour les dégradations et des violences contre des forces de l’ordre”, a-t-elle dit, ajoutant: “Les individus devront répondre de leurs actes devant la justice et nous allons encore identifier d’autres auteurs de dégradations. Je ne m’interdis aucune suite évidemment”.
Le maire fustige “l’attitude égoïste de quelques irresponsables”
Le maire de la ville, Benoît Payan, était à l’unisson. Il a filé sa fureur sur Twitter.
“Rien ne justifie qu’on détruise les efforts collectifs pour endiguer le virus! Rien ne justifie qu’on profane le lieu des effondrements de la Rue d’Aubagne! Rien ne justifie qu’on s’en prenne à des jeux d’enfants et à des équipements publics! Je suis en colère. L’attitude égoïste de quelques irresponsables est inacceptable! Ils devront répondre de leurs actes devant la justice”, a-t-il d’abord publié.
Benoît Payan a enchaîné: “Soutien aux riverains, aux commerçants, aux soignants, à celles et ceux qui luttent avec dignité et dans le respect des règles pour retrouver au plus vite une vie culturelle et festive normale, et qui ne méritaient pas ça.”
“Marseille et les Marseillais ne méritent pas ça”, a-t-il conclu.
La Métropole veut porter plainte
Martine Vassal, présidente LR du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et présidente de la Métropole, a indiqué qu’elle comptait porter plainte au nom de cette dernière institution, demandant à la municipalité de se joindre à elle:
“Scandalisée par ce qui s’est passé aujourd’hui à Marseille. Les soignants mettent leurs vie en danger et de nombreux cas de Covid sont à craindre à la suite de ces agissements. L’irresponsabilité à ce niveau est criminelle. Tous les élus de Marseille doivent condamner.”
“La honte” de Renaud Muselier
Mais l’indignation a décidément transcendé les clivages. Sur Twitter toujours, Renaud Muselier, président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, issu de la même famille politique que Martine Vassal donc et opposé à celle du maire socialiste de Marseille, a ainsi affirmé:
“En pleine crise sanitaire, après une année de combat pour nos soignants face au Covid-19, les images de ce carnaval de Marseille sont une honte! L’impatience du retour à la vie n’excuse pas l’inconscience – une telle mise en danger des autres n’est pas acceptable!”
Que le carnaval de la Plaine suscite ou non des échos sanitaires, il aura déjà entraîné sa conséquence politique: la formation d’une union sacrée, sans doute très éphémère, de la classe politique marseillaise contre lui.